Jour 2.3.

Ce matin, en enfilant mes habits du dimanche, à savoir mon vieux pantalon de jogging et grosses chaussettes anti-rutsch, je me suis souvenue que c’était notre dernier jour avant le début officiel du nouveau lockdown à Francfort. Le fameux « Lockdown Light ». J’ai le fol espoir qu’il est appelé ainsi car on prendra moins de kilos. Mais je crois que c’est plutôt  » light » par rapport à la France par exemple. Ici, nous pourrons continuer à sortir, sans attestation, mais les restaurants et les bars, les activités sportives et culturelles seront mises en suspens. Biensûr la Bundesliga continue  (sinon Mark serait en train de construire un vaisseau en bois et moi d’attraper un mâle et une femelle de chaque espèce animale….). On est aussi limité sur le nombre de convives dans les fêtes privées et les rassemblements, ce qui me donnera une bonne excuse pour ne pas rendre tout de suite la dernière invitation de Sabine (Si vous ne connaissez pas Sabine, lisez la Saison 1 – vous comprendrez).

Bref, dernier jour avant l’hibernation, je me change et je propose à Mark et aux enfants de profiter de cette dernière opportunité pour aller faire un brunch et visiter un musée ou une expo avant la fermeture provisoire. Mark préfèrerait un bon resto, Juju un ciné et Max voudrait inviter des amis.

Les discussions commencent. Alors, je remets mon jogging car je devine déjà que tout cela risque de se terminer par un après-midi dans le canapé du salon.

Finalement, après cris, négociations et portes qui claquent, mes trois loustics finissent par s’entendre sur un déjeuner à la pizzeria, suivi d’une balade en centre-ville. Je retourne donc échanger à nouveau mon jogging contre une jupe. Mais au moment de partir, Mark sort les vélos. «  On ne va certainement pas prendre les transports en commun et se chopper le virus maintenant ! » me lance-t-il en faisant tinter la sonnette de son vélo.

Re- re-belote, je quitte ma jupe et remets mon jogging. Si Arturo Bracchetti meurt du Covid, dites à son producteur que je peux assurer la relève.

Et nous voilà donc partis en fredonnant  « Quand on partait de bon matin, quand on partait sur le bord du Main, à bicyclette. » … Je suis rapidement sidérée par le monde… Et pas seulement parcequ’il y’avait Fernand, y’avait Firmin, y’avait Francis et Sébastien et puis Pauleeeetttttte…, mais surtout parce q’il y avait tous les autres. C’est comme cela que j’imagine un peu l’Armagedon… les hommes sortant de chez eux et communiant ensemble en faisant des selfies avant d’être anéantis à jamais… Nous devons essayer trois restaurants avant d’en trouver un qui nous accepte. Schnitzel à la place de pizza. J’aurai espéré mieux pour mon possible dernier repas… 

J’ai fait une faute d’orthographe à Armagedon? OK, désolée, mais bon, ce n’est quand même pas la fin du monde.

De retour à la maison, un message du proviseur adjoint sur la boîte mail nous informe que « la matinée de travail collectif au jardin pédagogique prévue le samedi 7 novembre doit malheureusement être annulée. ». Cette année, à cause du COVID, nous ne pourrons donc pas apporter notre contribution et mouiller notre chemise pour la collectivité dans le potager de l’école. Cette crise sanitaire n’a pas que des mauvais côtés, on a même plus besoin de se chercher des excuses.

Bref, aujourd’hui, c’était notre Dimanche de Toussaint 2020. Les cimetières allemands sont toujours fleuris et illuminés en cette période. Vu les circonstances, je me demande s’ils le sont plus ou moins que les années précédentes. Mark m’arrête dans mes pensées cyniques. L’humour, surtout noir, n’est pas trop bienvenu en ce moment.

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